Skip to main content

Une lourde de responsabilité 

Les professionnels qui travaillent en périnatalité et qui interviennent précocement  dans la vie de l’enfant et de sa famille sont chargés d’une mission d’une importance majeure qui engage une grande responsabilité. En effet, ils doivent préserver le développement de l’enfant, prévenir  la négligence, la maltraitance, la repérer aussi pour prendre les décisions qui s’imposent dans l’intérêt supérieur de l’enfant. 

Ainsi, que ce soit en PMI ou consultation ONE pour la Belgique, que ce soit des services d’interventions à domicile, les unités mère /bébé ou encore des services d’aide précoces, ou hospitaliers, l’avis des professionnels engagés auprès de la famille et du bébé est  central dans la prise de décision pour mettre en oeuvre une intervention qui peut aller du soutien au parent, au placement du bébé  en passant par la thérapie parent/bébé.

La tâche est donc essentielle et lourde de responsabilité. 

Pour diluer en quelque sorte cette responsabilité mais aussi pour limiter les risques d’erreur, ces avis sont généralement pluridisciplinaires, ce n’est pas un professionnel qui émet une conclusion mais une équipe. Il s’agit alors pour l’équipe d’être en mesure de développer un consensus réfléchi, c’est à dire de tomber d’accord sur une lecture, une compréhension d’une situation clinique particulière enfin d’en tirer des conclusions communes quant au besoin de soutien pour l’enfant et/ou le parent et la nature de ce soutien, de cette aide.

Lorsque j’échange avec les professionnels que je forme, que je supervise, lorsque l’on aborde cette question de la rédaction des rapports, de l’émission de recommandations de prise en charge, éventuellement de placement de l’enfant, ce qui revient beaucoup, c’est la question du doute. Comment être certains qu’on ne se trompe pas, comment ne pas faire d’erreur. Ce doute habite le professionnel lui-même, mais aussi l’équipe à laquelle, il appartient généralement, dans sa recherche de consensus.

Bien entendu, il ne s’agit pas ici d’avoir des certitudes, car le doute sain chez ces professionnels est absolument essentiel. Mais pour pouvoir se tranquilliser le plus possible,  il nous semble que ce qui est aidant et rassurant, c’est la mise en place de processus méthodologiques  basés sur des outils validés par la recherche empirique, compris et maîtrisés dans leurs  apports et leurs limites

Ainsi, les avis émis le sont en rapport à une théorie, une méthode qui est opposable, communicable, qui offre un cadre de réflexion qui peut être débattue, mais qui n’implique pas que le fonctionnement unique du professionnel, son émotionnalité, sa compétence personnelle.

Il en découle que les professionnels ont besoin d’acquérir des compétences qui leur permettent de tirer des conclusions et de faire des recommandations  avec clarté et confiance particulièrement pour les situations les plus complexes et à risque de placement.

C’est ce que permet l’utilisation du CARE-Index.

Le CARE-index est un outil d’observation des intéractions maman/bébé pour les âges de 0 à 15 mois utilisant un enregistrement vidéo de  trois minutes. C’est une évaluation ludique, non menaçante (contrairement par exemple à la situation étrange), flexible (on peut le faire quasiment partout et reproductible (on peut répéter les observations sans conséquences négatives connues). Il évalue :

  • le niveau de synchronie dyadique. Il permet ainsi d’évaluer le risque au sein de la dyade et donc, sur le développement socio émotionnel de l’enfant.
  • les patterns d’intéractions du parent et ainsi d’identifier si le risque est plus en rapport avec de la négligence ou de la maltraitance. 
  • et enfin le pattern d’interaction du bébé qui permet d’identifier les adaptations relationnelles que le bébé met en place pour faire fonctionner le mieux possible son parent avec les compétences propres qu’il possède.

LE CARE-index est basé sur le modèle dynamique et maturationnel d’attachement et d’adaptation de Patricia Crittenden et s’il n’évalue pas les stratégies d’attachement à proprement dit , il évalue les organisateurs  de ce dernier : la sensibilité parentale, le niveau de synchronie dyadique.

C’est un outil d’autant plus pertinent lorsque l’on travaille avec les populations vulnérables avec des histoires complexes. Il permet d’identifier spécifiquement des comportements subtils, mais très désorganisant de l’attachement, comme les faux affects positifs chez le parent ou le bébé.

La spécificité du CARE-INDEX

Le CARE-Index possède une spécificité tout à fait particulière qui en fait un outil unique, contrairement à la plupart des autres évaluations de ce type. Il fournit des

informations spécifiques à la dyade plutôt qu’à la personne, c’est-à-dire qu’il évalue des relations spécifiques et non des individus. 

De plus, bien qu’il évalue la sensibilité de l’adulte, il l’évalue en prenant en compte deux formes différentes d’insensibilité parentale: 

  • le contrôle : le parent est réactif, connecté à son bébé, mais il se montre intrusif
  • et l’absence de réactions : où le parent n’est pas connecté au bébé  et ne perçoit pas ses besoins.

Ce sont donc deux conceptions différentes et parfois mixtes qui rendent compte de la difficulté parentale.

Cela contrastes avec des mesures telles que l’échelle unidimensionnelle de sensibilité maternelle d’Ainsworth ou d’autres outils d’évaluations précoces qui ne prennent en compte que l’axe sensible/insensible dans le fonctionnement du parent sans  rendre compte de la nature spécifique de cette insensibilité, alors que c’est elle qui sera particulièrement informative pour la détermination d’un plan d’intervention.

En outre, contrairement à d’autres évaluations, le CARE-index présume que les adultes et les enfants peuvent fausser l’expression de certains comportements, en semblant parfois ressentir une chose alors qu’en fait, ils ressentent autre chose, ou en faisant parfois ce qu’ils ne veulent pas faire tout en essayant de cacher les preuves de leurs désirs réels. Par conséquent, la falsification possible du comportement est prise en compte dans le codage des interactions avec le CARE-index. En pratique, cela signifie que le CARE-Index, et lui seul, parmi les évaluations de l’interaction, évalue des types d’interactions qualifiées de compulsives ou inhibée de l’adaptation du nourrisson. De même, on présume que les adultes et les tout-petits peuvent déformer leur comportement, en exagérant certains signaux et comportements tout en minimisant d’autres. Par conséquent, le CARE-index pour les tout-petits évalue les modèles d’adaptation coercitifs.

Le CARE index, un outil riche pour l’analyse clinique de la dyade parent/bébé

Le CARE index utilisé clinique est donc, de part ses spécificités et sa structure, d’une richesse pour l’analyse clinique de la dyade parent/bébé et permet par conséquent d’adapter les interventions spécifiquement aux besoins d’une dyade en particulier. Il permet aussi d’évaluer l’effet des interventions sur la dyade et donc de réorienter la prise en charge précocement au besoin. 

Le CARE-Index, codé par un professionnel dont la fiabilité a été certifiée, permet d’informer dès rapports d’expertise ( en complément avec d’autres outils) pour appuyer des décisions majeures comme une décision de placement. Il existe tout un réseau de professionnels certifiés qui peuvent aider le clinicien formé à confirmer son analyse et qui peuvent ainsi entériner le rapport qui découle de l’évaluation.

Que l’on veuille devenir cotateur certifié ou non, la formation au CARE-Index permet d’accéder à une compréhension approfondie des interactions dyadiques précoces ainsi qu’à l’organisation des stratégies d’attachement et leur fonction adaptative pour l’enfant.

C’est aussi un outil qui, loin de juger les parents, permet de  développer une grande empathie pour ces derniers en permettant l’identification de leur souffrance parentale, de leur souffrance d’adulte sans qu’ils n’aient besoin de mettre eux même de mots. Enfin, cela permet au clinicien de devenir une base de sécurité pour le parent puisque l’outil va permettre de répondre aux besoins spécifiques du parent même si ces derniers ne peuvent pas être énoncés par le sujet.

La formation au CARE-Index changent  les professionnels, elle les aident à prendre confiance en leur lecture des problématiques des familles et de ce fait à prendre confiance dans les propositions de prise en charge qu’ils vont réaliser. Elle leur permet aussi l’accès à un langage commun, conçu pour penser la complexité afin de penser ensemble.

La formation est intense: elle se déroule entièrement en ligne, s’organisent en trois modules de trois jours pendant lesquels il s’agit principalement de s’entraîner à la cotation . On apprend à utiliser le CARE-Index en utilisant le CARE-Index, en se trompant (beaucoup 😊) et en  recevant le retour correctif d’un formateur expert. Entre les modules des trois jours, il y a des vidéos d’entraînement pour maintenir les compétences d’observation en cours de construction. Et puis pour ceux qui le souhaitent, en fin de formation, il y a le test de certification qui est un test international. C’est le professeur Patricia Crittenden qui gère elle -même ces certifications et qui donne donc les résultats.

Cliquez sur ce lien pour en savoir plus, ou pour vous inscrire à la prochaine session de formation : “Savoir repérer précocement les familles vulnérables avec le CARE-Index en évaluant les interactions précoces pour les bébés de 0 à 15 mois”

Leave a Reply

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.